BookCamp Montréal 2011 en direct

J’assiste aujourd’hui à l’anticonférence BookCamp Montréal. Comme plusieurs événements de type «Camp » on «postit» les sujets qui nous intéressent sur le mur et les organisateurs choisissent les sujets qui seront traités.

BookCamp Montréal 2011

BookCamp Montréal 2011

  • En entrée de jeu, je choisis une conférence sur la littérature interactive. Un animateur aide aux interactions entre les participants et les gens qui le veulent interviennent et donnent leu avis sur le sujet. On essaie de définir ce qu’est la littérature interactive. Est-ce encore de la littérature? Est-ce que ce type de littérature doit être nécessairement «édité» s’il est une initiative sociale d’écriture sur Twitter par exemple. Cela soulève la question du concept d’auteur et du partage de sa responsabilité avec le lecteur.
  • J’assiste à lecture sociale. On y discute de fait que la lecture peut devenir une occasion de partage et d’interaction. La recommandation sociale d’un livre n’est pas nouvelle, elle devient simplement plus facile. Ce fait rend la masse de données disponibles plus importante. La technologie a démocratisé l’accès à l’échange d’information, la capacité de choix, la granularité des communautés, la capacité de contribuer à une communauté. L’aspect social peut être aussi créé par l’œuvre elle-même, qui relie les personnes qui l’ont lue et qui peut devenir occasion d’échange. On termine en se questionnant sur le concept de «réseau». Très intéressant.
  • Je change de salle pour aller écouter les gens sur l’avenir du métier d’éditeur. On se questionne du point de vue du consommateur, du point de vue de l’entrepreneur. On discute du nouvel écosystème du livre. L’éditeur doit prendre en main la médiation de son catalogue par lui même, selon certains et ne pas confier ce travail à d’autres. Le sujet du contenu payant, des intermédiaires, des technologies telles que le verrou numérique, la distribution… où chacun prend sa part. L’aspect du contenu «libre» est aussi abordé. On discute aussi de la nécessité de se regrouper pour se doter d’outils et de services très coûteux à mettre en place et à entretenir. On prétend aussi que les auteurs vont de plus en plus choisir un éditeur en fonction de son écosystème. Certains auteurs dans la salle ne croient pas à l’auto-édition et pensent qu’un éditeur sera toujours nécessaire. Il y a encore ici, une démocratisation d’un métier qui était encore il y a peu de temps une chasse gardée. En étant conscient de cela, l’éditeur actuel doit pouvoir mettre une valeur ajoutée dans son «écosystème». Un autre point de vue de consommateur est proposé par une représentante d’une université, qui a besoin d’une licence de diffusion québécoise capable de concurrencer les éditeurs américains, notamment sur le plan du prêt électronique d’un ouvrage en simultané à plusieurs étudiants. On se préoccupe sur le fait que, du point de vue du consommateur ordinaire, le système actuel est peut-être en train de manquer le bateau. Pendant que l’industrie discute, le consommateur «Google» et télécharge. La discussion est riche et animée.
BookCamp Montréal 2011 - Salle B

BookCamp Montréal 2011 - Salle B

  •  Je retourne dans la salle A pour assister à une discussion sur le passage aux tablettes. Est-ce positif ou négatif? Potentiel de distraction, enrichissement à outrance, richesse inégalée, hypertextualisation, le contact direct continu en temps réel, la communauté… La discussion a de la difficulté à rester centrée sur le sujet des tablettes. On constate que c’est un sujet difficile à circonscrire.
Pause dîner…
  • Au retour, je choisis de rester tout l’après-midi dans la salle A. Ça commence avec les contrats avec les auteurs et droit de l’auteur où en sommes-nous? La transition du papier au numérique impose de nouveaux modèles. Les plates-formes et les technologies auront une grande influence. La question des licences soulève aussi des préoccupations. Selon un des participants, la première question est acheter ou louer? La 2e question est exclusif ou non? Le débat s’échauffe sur le sujet de l’auteur, des ses «parasites nécessaires» et du rêve/mensonge de la possibilité de vivre de son œuvre. À titre d’exemple, au Québec, seulement 60 écrivains peuvent vivre de leur œuvre sur plus de 1400. Là où un «bestseller» vend 3000 copies vendues 20$ et où l’auteur empoche 10% du prix de vente, cela donne un revenu de 6000$… Pas de quoi en vivre.
  • Le sujet suivant est livre et articles de format numérique = plus de piratage? Resurgit le problème des licences distribution qui sont imposées aux bibliothèques en relation avec les pratiques de partage des utilisateurs. Depuis que le numérique est là on parle de piratage, mais depuis que le livre existe, il se prête, il se revend… Le livre se pirate depuis toujours. Le numérique facilite cependant les choses. Le piratage est une réalité avec laquelle il faut apprendre à vivre. Le piratage peut même devenir une forme de «marketing social». Plutôt que de se concentrer sur le piratage, un participant propose plutôt de se concentrer sur la création de consommateurs de livres compulsifs qui aura pour effet inévitable de faire augmenter la vente de livres.
  • Nous passons ensuite au sujet des bibliothèques électroniques. Le sujet est assez technique, du point de vue des bibliothèques universitaires et publiques. On assiste à une discussion entre bibliothécaires plutôt assommante. Il semble y avoir un racket de la part des fournisseurs qui leur demandent des sommes faramineuses pour leur bouquet de publications. Une commission publique d’enquête avec ça? Un des participants suggère que les livres deviennent du domaine public.
  • Enfin, le dernier sujet est bibliothèque et DRM (Digital Rights Management). Ces droits sont faciles à pirater, do moins dans la version en PDF. D’autres solutions passent par des appareils et des plates-formes propriétaires fermées, plus sécuritaires, mais plus compliquées et nécessitant souvent une connexion internet. Un des participants prétend que les DRM transforment les lecteurs en ennemis. On y perd une occasion de diffusion. Pour une autre personne, les DRM sont un symptôme et que face à la diffusion actuelle, on doit redéfinir les anciens modèles. Une personne prétend même qu’il faille essayer les DRM un certain temps pour démontrer que ce modèle ne fonctionne pas. Un autre participant dit que le DRM est un problème sans fin, une malédiction, qui ne profitera qu’aux vendeurs de DRM et aux pirates anti DMR.
Une grosse journée de réflexion, j’ai la tête bien remplie et je commence à digérer tout ça…