De l’éducation à la citoyenneté Web à l’école
Un très grand nombre d’adolescents québécois ont une page Facebook, la majorité d’entre eux bavardent via MSN… Ils laissent quotidiennement des traces sur le réseau et ces traces sont enregistrées, analysées, classées… avec soin par les principaux intéressés. Ce sera la première génération à avoir été observé depuis son jeune âge. Qu’est-ce que les Google et autres chantres du Web 2.0 feront avec cette information, nul ne le sait encore, pas même eux. Cette partie de l’équation, nous pourrons sûrement l’influencer, les récents reculs de Facebook sous la pression des internautes le démontrent, mais pas la contrôler. La seule chose que nous pouvons entièrement contrôler, c’est notre activité et les traces que nous y laissons.
Or, pour ce faire, il faut être éduqué à, sensibilisé à, prendre conscience de. Le système scolaire a eu récemment deux belles occasions pour s’y mettre. Avec, pour une fois, ce qui aurait pu être, pas trop de retard. La première, au secondaire, dans le nouveau programme «Éthique et culture religieuse». Je cite:
Éthique
Votre enfant apprend à :
- réfléchir avec rigueur sur des aspects de certaines réalités sociales et sur des sujets tels que la justice, le bonheur, les lois et les règlements;
- se poser des questions telles que : Quelle valeur devrait guider les gens dans leurs relations en société? Qu’est-ce qui caractérise un comportement acceptable et un comportement inacceptable? Comment peut-on reconnaître ces comportements?
Le pdf du programme au secondaire est disponible ici. Dans ce document, le mot «Internet» est présent deux fois:
- Pour leur permettre de s’approprier la réalité d’autres jeunes et de découvrir d’autres espaces culturels, il recourt aux médias tels que les journaux, la télévision, la radio ou Internet. (page 13, dans le paragraphe «Prise en compte de l’environnement»)
- d’autres ressources : sites Internet, musées, centres de recherche ou d’interprétation, documents iconographiques, patrimoniaux ou audiovisuels, bibliothèque scolaire ou municipale, oeuvres artistiques diverses (arts visuels, arts scéniques, musique), etc. (page 14, dans le paragraphe «Ressources diversifiées»)
On peut imaginer que les concepts sous-jascents au Web 2.0 peuvent être inclus dans cette description assez vague. Il n’en tient qu’à l’enseignant, et c’est là que le bât blesse, de mettre plus ou moins de temps sur ce sujet d’actualité. En l’absence de consignes plus claires, pour ma fille, cela s’est soldé par 30 minutes non convaincantes.
Au collégial, on vient de mettre en ligne «InukTIC», un projet qui s’est appuyé sur les travaux d’un comité du Réseau des répondantes et répondants TIC qui a conçu un profil de sortie TIC et informationnel pour l’ensemble des élèves du collégial. Ici encore, l’occasion était belle pour prendre la citoyenneté du Web 2.0 par les cornes et l’intégrer à ce profil de compétences. Ce qui s’en rapproche le plus est la compétence «4.3.2 Je consulte et je participe à un forum.», la sous compétence «4.3.2.1 Lorsque j’utilise un forum, je tiens compte du fait que mes interlocuteurs réagissent en différé et que ce que j’écris est public et non privé.», la compétence «4.3.3 Je communique de manière éthique» et la sous compétence «4.3.3.1 Je communique en tenant compte du caractère public ou privé des échanges.». C’est un pas dans la bonne direction. Nous attendons, lors d’une prochaine mise à jour du profil, un vrai passage d’ InukTIC au Web 2.0. Parlant du sujet de l’identité numérique, allez lire ce très bon billet de Julien PIERRE sur le sujet.
Pourquoi est-ce ainsi, pourquoi ces rendez-vous manqués? Faudra-t-il encore attendre un accident majeur avant de prendre conscience de cette absolue nécessité? J’ose, naïvement, espérer que non. J’ose espérer que cela va se faire rapidement et que si les acteurs-auteurs-décideurs… ne sont pas encore rendus là, qu’ils sauront s’entourer de personnes allumées qui sauront éclairer leurs lanternes. À moins que l’éclairage ne vienne du signal d’alarme…