Je suis à Vancouver, avec mon patron Bernard Dionne et Véronica Gill, conseillère en communication, pour le colloque du REFAD, le Réseau d’enseignement francophone à distance du Canada. Vous pouvez assister à l’événement à distance ici.
Le voyage en avion s’est bien déroulé, si ce n’est la longueur du vol de 5 heures et la nourriture qu’il faut payer. Le sandwich était convenable, mais la salade de pâtes au poulet est à éviter. En arrivant à Vancouver, le chauffeur de taxi parlait indienglais et il semblait avoir une balle de pingpong dans la bouche. Arrivés à l’hôtel, nous déposons nos bagages et Véronica et moi décidons de nous dérouiller les jambes et d’aller explorer Downtown Vancouver. Au retour, arrêt dans un restaurant japonais pour bouffer une soupe et dodo. Ici il est 11 h, mais à Montréal il est 2 h du matin.
La soupe m’a été fatale et j’ai été réveillé vers 2 h du matin par une migraine atroce. Ainsi, j’ai raté les premières conférences de la journée, occupé à me guérir de mon état de zombie plutôt que de me préoccuper de pédagogie. Dommage.
L’hôtel Blue Horizon est confortable, les chambres sont spacieuses, mais j’aurais apprécié une meilleure insonorisation. La connexion internet est au mieux médiocre, lente et avec fil. Pas de WiFi en 2011 pour un colloque, ça se passe de commentaires.
J’aide Véronica à télécharger un PDF de 460 Mo qu’elle doit approuver à l’aide de mon téléphone. Je dépanne aussi le patron pour télécharger un gros fichier d’appel d’offres à valider. Peut-être va-t-il me payer une partie de cet «outil de travail»… ;¬)
5 mai
J’assiste à la conférence Créer un changement positif dans la société par l’entremise du Web 2.0 de Manon Bourgeois.
Elle nous invite à connaître et utiliser TakingITGlobal.org, qui est le réseau social qui vous branche aux enjeux qui nous affectent mondialement. Cette ressource a été mise en place par des jeunes pour des jeunes pour discuter et agir sur les enjeux mondiaux. C’est une très belle initiative, une application positive et constructive des médias sociaux à l’échelle internationale.
Quoique peu connu au Canada, elle nous invite à contribuer pour le faire connaître auprès de nos étudiants. Je crois que ma fille va aimer ça. En terminant, elle nous présente TIGed, un sous site qui est centré sur l’éducation.
J’assiste ensuite à la conférence Mettre la technologie à sa place par Nicole Cadieux et d’autres collègues du Consortium d’apprentissage virtuel de langue française de l’Ontario.
L’élève d’aujourd’hui est branché, il échange continuellement avec ses semblables. C’est un constat. Comment peut-on joindre l’objectif de réussite des élèves à la demande des enseignants de les aider à utiliser la technologie? Il ont forcé les enseignants à formuler leur demande en la reliant à une démarche pédagogique et à une utilisation judicieuse de la technologie en salle de classe.
Ils nous présentent leur démarche et certains des outils qu’ils utilisent.
La journée se poursuit par l’assemblée générale du REFAD à laquelle je n’assisterai pas.
La suite demain.
6 Mai
J’assiste à la Table ronde présentant la vision d’étudiant(e)s sur l’impact du Web 2.0 en FAD.
Marie-Pier Courcy est étudiante à temps partiel dans un programme de formation continue à distance. Elle note que le web 2 encourage le partage et la communication. Elle souligne les contraintes de la plateforme qui, selon elle, limite les échanges et est relativement statique. Ce carcan n’est pas la seule limite. Le formateur et les étudiants sont aussi en cause. Elle nous fait part qu’il y a une réelle volonté de la part des professeurs de favoriser l’interactivité, mais plusieurs étudiants se contentent du minimum, ce qui ne favorise pas une pleine exploitation du potentiel du web 2. Ainsi, ils reproduisent un modèle plus traditionnel de l’enseignement et de l’apprentissage en mode bidirectionnel. Elle garde toutefois espoir pour le futur où elle prévoit que les étudiants développeront leur habileté à devenir des «utilisauteurs».
Chris Pop est un élève de 12e année dans une très petite école francophone de Vancouver ou les cours doivent se donner en ligne. Pour vous donner un exemple, sa classe virtuelle comporte 3 finissants. Cela demande une grande autonomie et une grande responsabilisation de l’étudiant qui suit avec discipline une formule de cours asynchrone, dans laquelle il fait ses devoirs et synchronies où il peut discuter avec son professeur et ses collègues de classe. Il nous dit que cela n’est pas facile et qu’il faut beaucoup de discipline personnelle. La qualité de l’expérience dépend beaucoup du professeur. Certains réussissent mieux que d’autres. Il nous parle d’un prof qui pratiquait l’«information dump» pendant 120 minutes où l’étudiant était laissé seul à lui-même et un autre qui favorisait la discussion, les échanges et où il a pu connaître les autres étudiants de son groupe. Il a beaucoup apprécié le travail collaboratif sur des Wikis. Il nous dit que c’est une de ses méthodes d’apprentissage préférée et amusante. Il termine en nous demandant de changer. Il nous demande de garder les yeux ouverts, d’utiliser une méthode d’enseignement actuelle en misant sur la collaboration. Il est surprenant de voir comment Chris, qui a fait ses études virtuellement en ligne et à distance, est à l’aise en présenciel, devant une assemblée. Bravo!
Jocelyn Nadeau, un étudiant à la maîtrise dixit «depuis trop longtemps» en formation à distance à la TÉLUQ. Le web 2 lui pose un problème. Il est étudiant à temps partiel, il travaille, il a une famille… combien de temps lui reste-t-il pour apprendre tous ces nouveaux outils de communication… Il nous dit que la loi de Moore ne s’applique pas au cerveau et que le cerveau 2.0 se fait toujours attendre. Il est plutôt pessimiste par rapport à l’apport que le web 2 peut lui procurer comme étudiant. Il penche plutôt vers la surcharge cognitive, la distraction et de la non-contribution ou du parasitisme d’information. Il conclut en nous disant que ce n’est pas la technologie qui compte, mais la pédagogie qu’on fait avec.
Une table ronde suit leurs présentations ou ils répondent aux questions de l’assistance.
J’assiste maintenant à la conférence «S’unir pour réussir» – Apprentissage électronique Ontario par Jean-Sylvain Lapensée du Ministère de l’Éducation de l’Ontario. Bernard et Véronica assistent à «Quand le blogue sert la pédagogie». S’unir pour réussir est une nécessité pour ce réseau de petites écoles francophones ontariennes.
Maintenant rendu à la phase 3, ce projet permet à des élèves de toute la province de collaborer et aux enseignants d’avoir du support. Certaines de ces écoles seraient isolées autrement, quelques-unes sont accessibles seulement par avion. On nous donne quelques exemples de projets développés par les professeurs de ce réseau. Elle indique que l’un des côtés positifs de ce réseau est de briser l’isolement des professeurs qui peuvent n’être que 2 dans une école. Cela permet aussi le partage de contenus pédagogiques et donne accès à du contenu de meilleure qualité. L’utilisation du blogue pédagogique utilisant Bitstrip est mise de l’avant et elle constitue un beau facteur de motivation. Plusieurs étudiants dépassent les attentes de leurs enseignants en en faisant beaucoup plus que ce qui est demandé. On consulte aussi les élèves en leur demandant sur quoi ils veulent travailler et en les jumelant de cette manière. On a constaté que la formation à l’enseignant et l’appui sont cruciaux. On y revient toujours. On termine la présentation par le vidéo du témoignage d’une enseignante. La conclusion est que ce projet n’aurait pas été faisable sans les technologies et le web 2.
Suit la conférence «Le projet ETAPe » par Hubert Lalande du Centre franco-ontarien de ressources pédagogiques.
Monsieur Lalande nous présente cette expérience basée sur Simbaloo, un agrégateur visuel de contenu qui permet de partager son contenu aux autres utilisateurs. Une particularité intéressante du projet est la disponibilité des manuels en format électronique. Adieu le sac à dos rempli de gros livres. Projet pilote oblige, on constate quelques lacunes au niveau de l’accessibilité des contenus en format PDF. On a aussi constaté que plusieurs étudiants ont démontré une grande autonomie dans leur apprentissage et que les enseignants ont dû ajuster leur comportement et leur rôle dans la «classe». Là aussi, la formation des enseignants a été cruciale. Monsieur Lalande nous parle des projets futurs, comme celui de faire de la recherche pour mesurer la pertinence pédagogique du projet. Il nous indique aussi que le plus grand facteur de succès dans un tel projet est la passion et l’engagement des enseignants. On essaiera aussi de rendre le projet plus indépendant vis-à-vis de la nécessité, pour l’élève, d’avoir un ordinateur portable. À cet effet, on fait de la recherche et on observe ce qui se fait en Europe, notamment du côté des terminaux. Il nous présente ensuite les résultats d’un sondage effectué auprès des étudiants et des parents participant au projet. On y constate quelques différences entre les perceptions des étudiants et de leurs parents. Il termine sa présentation par le bilan de la phase 1 qu’il qualifie de succès.
Le dîner est le bienvenu, je suis en train de m’autodigérer.
On poursuit avec la Table ronde présentant la vision d’enseignants et de tuteurs sur l’impact du Web 2.0 en FAD avec Martine Chomienne, Responsable du Tutorat à Cégep@distance, Olivier Chartrand, Agent de développement en formation à distance pour l’Éducation permanente de l’Université de Moncton, Michel Singh, expert-conseil au service d’innovation pédagogique de la Cité collégiale et Hélène Lalancette, Ingénierie pédagogique pour l’cole Virtuelle du Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique.
Martine Chomienne est responsable de l’encadrement à Cégep@distance. Elle a pu voir le rôle de tuteur évoluer au fil des 15 dernières années. Elle a constaté que le choix de la plateforme influence grandement la fréquence des interactions. Maintenant, au sein du projet Osmoze. Ce projet a nécessité une redéfinition et une formalisation du rôle du tuteur.
Suit Olivier Chartrand. Le web 2 permet une nouvelle pédagogie, plus responsable, plus active. Toutefois, vu que les enseignants ne sont pas tous des enthousiastes convertis, il faut limiter le nombre des outils et il faut commencer quelque part et construire progressivement à partir de cette fondation. Il constate aussi un très grand besoin d’encadrement. Il utilise l’apprentissage par le «faire» en communiquant avec les profs avec Skype, en les formant et en leur demandant de contribuer à un wiki, à trouver des vidéos sur YouTube et restant centré sur les objectifs pédagogiques. En conclusion, il nous invite à prendre du recul, miser sur la simplicité, l’accessibilité et respecter le temps qu’il faut pour que les individus puissent s’approprier ces merveilleux outils.
C’est au tour de Michel Singh qui appuie des professeurs avec les technologies. Il nous présente 7 impacts que le web 2 a eu sur son travail:
- Les attentes de nos étudiants sont élevées. Cela transforme le défi que doit relever l’enseignant.
- Les ressources à notre disposition sont illimitées.
- Les communications sont accélérées.
- Les étudiants sont plus enclins à partager.
- Le plagiat est de plus en plus répandu.
- Nous sommes constamment en déséquilibre.
- Nos étudiants apprennent différemment.
Il est un verbomoteur chevronné.
Enfin, Hélène Lalancette nous parle des défis que le web 2 lui lance quotidiennement. Ils débutent dans cette voie dans leurs cours en ligne. Ils souhaitent se diriger vers une approche plus interactive. Toutefois, ils se préoccupent des impacts que peuvent avoir l’aspect multitâche et collaboration sur la réussite des étudiants. Des recherches récentes indiquent que le fonctionnement multitâche des natifs du numérique est une légende urbaine fortement médiatisée et que finalement, cela nuit grandement à leur apprentissage. Pour un apprentissage réel, il faut que la rétention se fasse et que ce soit un processus itératif. Pour l’aspect collaboration, l’apprentissage est beaucoup plus efficace lorsque l’apprenant contribue et collabore. Quand l’enseignant s’implique, le succès augmente encore. Globalement, les natifs du numérique doivent être guidés et formés à apprendre et collaborer par les enseignants, qui eux-mêmes ont besoin de formation pour ce faire. Tiens encore!!!
Suit, une séance de questions, provenant d’aussi loin que l’Algérie… via le web. Merci aux présentateurs, belles présentations.
Le mot de la fin appartient à monsieur Marc Lijour du Ministère de l’Éducation de l’Ontario, qui nous présente ses «Réflexions et conférence de conclusion».
Il fait un survol des deux derniers jours et nous donne son propre point de vue. C’est une réalité éclatée qui est en rupture avec le modèle linéaire du système d’éducation. Il y a nécessité de passer à un modèle plus distribué où il faudra lâcher prise, sortir de notre zone de confort. Il nous parle de l’aspect des politiques gouvernementales et institutionnelles sur lesquelles il faut aussi réfléchir. La finalité étant l’apprentissage et la réussite de l’élève. Il constate que le modèle de production pédagogique se fragmente lui aussi pour devenir approprié et personnalisé par l’apprenant lui-même. Il faut maintenant relever le défi de canaliser cette force. Il insiste sur le fait que l’on doive penser en terme de développement durable, car tout cela coûte cher et l’argent ne sera pas toujours au rendez-vous. Tout cela, pour rester compétitif dans le monde actuel et celui du futur.
Suit une période de question et de commentaires.
Voilà, c’est terminé, place au cocktail de fin. Merci à tous et au REFAD, organisateur de ce modeste mais beau et surtout pertinent colloque.
Demain, visite de Vancouver, j’espère que ce sera moins nuageux.
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